L’année liturgique

Virginie Lutete
29 Novembre 2024

« Année liturgique », qu’est-ce que cela évoque pour vous ? Concept bien connu et qui rythme la vie cultuelle chez les catholiques, les luthériens et une bonne partie des réformés, il est peu présent, voire complètement absent, de la pensée et de la réflexion chez les évangéliques. Alors qu’une nouvelle série d’ouvrages Vivre le temps de… vient d’être publiée aux éditions Excelsis, nous aimerions vous parler de ce qu’est l’année liturgique et comment, même si nous n’employons pas cette terminologie, elle rythme la vie de l’Église.

Deuxième question : fêtez-vous et/ou organisez-vous un culte particulier à Noël, Pâques, l’Ascension ou la Pentecôte ? Si la réponse est oui alors sans même vous en rendre compte vous suivez l’année liturgique. Surpris ?! Mais l’année liturgique ne s’arrête pas à ces quatre fêtes, bien qu’elles en soient des temps forts. Alors qu’est-ce que l’année liturgique ? Elle propose aux chrétiens de revivre sur une année les moments marquants de l’histoire du salut et de la vie du Christ.

Commençons par le commencement. Contrairement à l’année civile qui commence le 1^er janvier ou l’année scolaire qui commence tout début septembre, l’année liturgique commence le 4^e dimanche avant Noël. Chaque année la date change, mais en général c’est le dernier dimanche de novembre ou le premier dimanche de décembre. Elle s’ouvre avec ce que nous appelons le temps de l’avent (du latin adventus, « avènement, venue »). Après ces quatre premières semaines, viennent le temps de Noël puis celui de l’Épiphanie, suivis d’un premier temps dit ordinaire jusqu’au mercredi des Cendres qui marque l’entrée dans le carême. Celui-ci se termine le dimanche avant Pâques, aussi appelé dimanche des Rameaux, qui marque l’entrée dans la Semaine sainte. Avec Pâques nous commençons le temps pascal qui se termine avec la fête de la Pentecôte. Enfin, jusqu’au temps de l’avent suivant, l’année liturgique se termine par un temps ordinaire.

Comme nous avons déjà pu le dire, le temps de l’avent marque le début de l’année liturgique. Son premier dimanche (cette année le 1^er décembre 2024) est le premier jour de la nouvelle année du calendrier liturgique. Cette période de quatre semaines qui précèdent la fête de Noël nous permet de nous préparer à la célébration de la Nativité qui marque l’incarnation de notre Seigneur. Il est intéressant de noter que la couleur liturgique de l’avent est le violet, même couleur symbolique que pour le carême. Cela signifie que ce temps est un temps de jeûne, de pénitence, et nous montre bien son caractère solennel qui va bien au-delà des bougies, du sapin et de la préparation de délicieux biscuits.

Dans son ouvrage Vivre le temps de l’avent. Célébrer l’espérance, Tish Harrison Warren nous montre que tout au long de l’histoire les chrétiens ont fait de cette période un temps de préparation à la célébration de l’incarnation et de la première venue du Christ mais aussi de sa seconde venue. L’autrice replace ainsi cette période dans l’histoire de l’Église et dans la perspective plus large de l’histoire du salut et de notre espérance vivante de l’éternité à venir. À ces deux venues, Warren en ajoute une troisième, celle du Christ qui vient chaque jour dans notre quotidien par sa Parole, dans nos prières et notre louange, dans notre vie individuelle, mais aussi dans notre vie communautaire.

Après l’avent, vient la période de Noël qui se poursuit jusqu’à l’Épiphanie. Noël est probablement la fête la plus connue et la plus célébrée dans le monde, même si souvent nous en oublions les racines chrétiennes. Aujourd’hui il ne s’agit plus de se souvenir de l’incarnation du Sauveur, mais de se réunir en famille et de s’offrir des cadeaux. Dans son ouvrage Vivre le temps de Noël. Célébrer la vie et la lumière, Emily Hunter McGowin nous invite à (re)découvrir la véritable signification de Noël et, ce faisant, à nous défaire de certaines de nos habitudes qui, sans être mauvaises, nous éloignent, voire nous font oublier, de célébrer lors de cette fête de ce qui en est le cœur : la naissance du Sauveur. Il s’agit de reconnaître, à travers l’incarnation, le fait que Dieu a renoncé à sa gloire céleste pour se revêtir de notre humanité. À Noël, Dieu s’est fait homme, Jésus est devenu notre frère, lui qui était déjà Seigneur s’est fait notre Sauveur. Nous pourrions dire ici que sans l’incarnation pas de pardon ni de résurrection. C’est elle qui marque le début du ministère terrestre de Jésus, elle est le point de départ de l’œuvre du salut divin pour l’ensemble de l’humanité. Cette année, nous voulons vous inviter à vivre un Noël recentré sur l’essentiel.

En attendant de poursuivre notre parcours de l’année liturgique et de découvrir un peu plus les autres temps forts qui la constituent, nous vous souhaitons un bon temps de l’avent et une joyeuse célébration de Noël.