Aujourd’hui, le croire prête souvent à rire ou à pleurer. On l’assimile à une inclination personnelle dénuée de raison. On le soupçonne d’intégrisme et d’intolérance, voire de violence. On s’en méfie. Mais peut-on vivre sans croire ? Peut-on affronter les défi s qui pavent toute existence sans espoirs et sans projets ? Sans tenir fermement à une amitié ou à un amour et être porté par eux ? Peut-on éprouver l’humaine condition sans être soutenu par un minimum de convictions qui en signent et l’honneur et la pérennité ? Sans y croire ?

Croire… Qui croit encore ? Que croit-on ? À qui ou à quoi croit-on ? Comment croit-on ?

Jean-François Collange, fort de son expérience de pasteur, de professeur de théologie à Strasbourg puis de président de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, explore avec virtuosité les profondeurs du croire, que ce soit dans l’âme humaine, dans les rapports sociaux, dans l’histoire ou dans le quotidien, et même dans la religion ! Loin d’être une douce rêverie ou une illumination intolérante, le croire charpente toute l’existence et façonne l’avenir de l’individu et celui du monde.

Pour croire, il faut du courage. Le courage de croire récuse toute tentation et toute tentative hégémoniques et exclusivistes. Il bâtit un monde où chacun et chacune trouvent une place digne et honorable. Il ne se fait certes pas d’illusions sur les difficultés à surmonter et les échecs à affronter. Il sait qu’il n’est d’histoire que tragique et de bonheur que fugitif. Il n’en considère pas moins que céder aux sirènes du cynisme et de l’égoïsme ne fait pas une vie et ne conduit qu’au désastre. Il trouve ainsi dans la rencontre, l’échange et le dialogue les moyens de sa marche en avant. Il appelle à la bienveillance, à la bonne foi, à l’échange des mémoires et au partage des espoirs à venir. Il s’engage pour des lendemains d’équilibre, de justice et de paix.