Tributaire d’une vision racialiste, le terme « antisémitisme » prête à confusion et ne suffit pas à rendre compte de toutes les haines anti-juives. Le phénomène est ancien et protéiforme, de la judéophobie antique, qui s’oppose à la religion juive, jusqu’à l’antisionisme radical, en passant par l’antijudaïsme chrétien, la judéophobie antireligieuse des Lumières, celle, anticapitaliste et révolutionnaire, du socialisme des origines, et l’antisémitisme à proprement parler, racial et nationaliste. Il restait à en dresser la typologie et la généalogie. C’est ce à quoi s’applique Pierre-André Taguieff, qui fait ici le tour de toutes les judéophobies pour montrer en quoi elles se fondent sur des rationalisations a posteriori destinées à légitimer des aversions, des peurs et des passions injustifiables.

Philosophe, politiste et historien des idées, Pierre-André Taguieff est directeur de recherche au CNRS. Il a notamment publié, aux Puf, La Nouvelle Propagande antijuive (2010), La Revanche du nationalisme (2015), Hitler, les Protocoles des Sages de Sion et Mein Kampf (2020) et Le Retour de la décadence (2022). Il a aussi dirigé l’édition du Dictionnaire historique et critique du racisme (2013) et est l’auteur, en « Que sais-je ? », des Théories du complot (n° 4066) et de L’Eugénisme (n° 4198).