Le mot « testament » évoque souvent une réalité grave et des circonstances tristes, mais le texte qui porte ce titre invite à l’émerveillement, à la reconnaissance et à la joie. Il atteste que ce qu’il y a de plus précieux dans une vie se reçoit comme un don et ne peut s’offrir à nouveau que dans une disponibilité et une liberté totales. Selon l’étymologie du mot, le testament est un témoignage. Il était dans la nature de ce texte, d’être offert à un lectorat plus large que le premier cercle de ses destinataires. La vie frémit à chaque page avec générosité. Le dynamisme de ces pages est contagieux et donne aux êtres, aux choses et aux circonstances les plus humbles un éclat et une beauté uniques. Le mot « testament » signifie également « alliance » : un souffle vivant a inspiré ces pages pour proposer au lecteur un avenir à hériter.

Antoni Caballé a enraciné sa vie dans l’exil. Né en Catalogne espagnole en 1912 il doit quitter l’Espagne au moment où la dictature supplante la République. La langue catalane restera pour Antoni Caballé comme une patrie toujours présente en lui. Réfugié politique en France, il découvre la foi chrétienne et la richesse de l’univers biblique ainsi qu’une nouvelle langue, le français. Largement autodidacte, tout en ayant une vie professionnelle intense et divers engagements associatifs, il écrit de nombreux poèmes dont plusieurs recueils ont été publiés. Un certain nombre ont été mises en musique par un de ses fils, Antoine. Antoni Caballé écrit ce Testament spirituel en 1968 à l’intention de ses quatre enfants. Dans ces pages le ciel et la terre se touchent, car ils étaient déjà conjoints dans la vie de leur auteur. Antoni Caballé est mort en 1993 à Saint-Étienne.